Introduction par Bernadette Saint-Remi - Gabrielle ou le saut de l'ange

Il existe des rencontres qui jalonnent votre vie... Sans le savoir, quand j’ai vu Gabrielle, toute de mauve vêtue, m’attendant près de la gare du Nord, cette rencontre préfigurait une source de vitalité qui allait accompagner ma vie plus de trois ans durant... et probablement longtemps encore.

L’appel reçu par téléphone avait piqué ma curiosité mais aussi, il faut l’avouer, flatté mon ego... Pour une fois ce n’est pas moi qui devait convaincre mais elle qui voulait travailler avec moi...

Ce fut loin d’être un long fleuve tranquille mais ce qui fut immédiat se résume en deux mots : confiance et envie.

Cette complicité a demandé à être cultivée, elle nous a poussées à dépasser les colères, les déceptions, les lenteurs, les incompréhensions...

Le film, notre film vient de tout cela aussi... une liberté de ton pour elle, d’images pour moi que nous a permis ce respect mutuel accordé d’instinct.

Il y eut des moments de grâce où pendant le tournage toute l’équipe respirait du même souffle, ressentait la même énergie, la même beauté du moment.
Un ange passait...

Ce dont nous sommes les plus fières constitue d’ailleurs l’essence-même du film: ce sont ces liens que nous avons patiemment retissés avec elle vers cette société qui l’avait si férocement rejetée. Ils sont encore ténus et fragiles mais ils ont aussi la solidité des retrouvailles longtemps espérées.

Ce film doit voyager, perturber, interroger, faire rire ou pleurer... il est plein de tout cela avec l’amour en plus...

L’amour: d’un père, non de deux pères, d’un frère fidèle comme un roc, d’un amour inattendu, d’amis liés par un même destin, d’une filleule qui lutte pour comprendre, d’une amie qui s'interroge, d'une autre amie qui ouvre grand la porte, et de deux enfants absents et tellement présents...

Place aussi aux doutes, aux cris silencieux, aux larmes toujours retenues, aux moments de plénitude...

Un portrait sans complaisance, provocateur et tendre avec par-dessus tout une terrible envie d’être aimée..."

Bernadette Saint-Remi.
Réalisatrice.
Août 2016.

J'essayais d’exprimer mon identité intérieure et je me heurtais à des murs. Parce que beaucoup de gens ne peuvent ou ne veulent pas comprendre.

Un jour, j'ai donné de l’importance à mes convictions. J'ai arrêté de me laisser dicter par les autres. J'ai dit NON à la manière dont ils voulaient me voir égoïstement car ne pensant qu'à leur propre stabilité normative, réductrice, binaire, limitatrice, simplificatrice, oxydante.

Se laisser définir par les autres, c’est la pire des choses qui puisse arriver. Quand on a le courage d’être soi, de ne pas se laisser jugé par les autres, on se met à s'aimer et tout devient possible.

Une quête sur la liberté d'être, un conte phylosophique, c'est notre film...

Gabrielle Lys.
Mai 2016.